Repères historiques
Marie-Anne naît en 1838 pendant la monarchie de Juillet, Louis-Philippe est roi des français depuis 1830. En 1848 c'est une révolution qui met fin à la Monarchie de Juillet.
La Seconde République, est proclamée le 24 février.
En décembre Louis-Napoléon Bonaparte est élu président de la République. Le 2 décembre 1851 et suite à un coup d'état Louis-Napoléon Bonaparte conserve le pouvoir.
Le 2 décembre 1852, Louis-Napoléon Bonaparte devient Napoléon III, empereur des français, c'est le Second Empire qui durera jusqu'en 1870 et la défaite de Sedan.
Ensuite vint la IIIeme République. Marie-Anne verra passer 14 présidents de la République.
Elle aura assisté à la chute de Louis-Philippe lors de la révolution de 1848, la prise de pouvoir de Napoleon III, la guerre de 70, la troisième République, la Guerre de 14, la crise de 29, l'élection d'Hitler, les accords de Munich...
La vie dans le Finistère au 19ème siècle.
Les extraits ci-dessous sont tirés de l'ouvrage d'Henri Monod (directeur de l’assistance et de l’hygiène publiques
ancien préfet du Finistère) "Le choléra dans le Finistère de 1832 à 1886" publié en 1892. Les extraits choisis
portent sur certaines statistiques touchant le Finistère. La situation décrite n'est guère en faveur des habitants :
..."Le Finistère offre au statisticien un spectacle singulier. On y rencontre les extrêmes. C'est un des trois
départements où la mortalité est le plus élevée, et un des trois où l'excédent des naissances sur les décès
est le plus fort. Nulle part la misère n'est plus grande et nulle part elle n'est supportée avec plus d'insouciance,
je dirais presque d'inconscience. Les secours médicaux y sont rares; les habitants en éprouvent jamais le besoin:
un grand nombre naissent, vivent, meurent, sont enterrés sans l'approche d'un médecin.
L'hygiène publique ou privée y est inconnue. L'ivrognerie y est répandue même parmi les femmes.
Et c'est une contrée si attachante, la race y possède des qualités si fortes et si nobles, la nature s'y montre
avec un tel caractère de sauvage ou de mélancolique poésie que ceux qui l'ont une fois habitée ne
l'oublient pas et gardent à jamais au cœur le désir de la revoir."
... "L'âge moyen est peu élevé parmi cette population si nombreuse, si imprégnée de l'esprit de famille,
mais mal soignée et vivant dans des conditions hygiéniques déplorables. Au recensement de 1886,
l'âge moyen des personnes recensées était en France de trente et un ans neuf mois et dix-huit jours.
Cet âge tombait dans quelques départements à vingt-neuf, à vingt-huit ans.
Dans deux départements, le Nord et les Landes, il descendait à vingt-sept ans. Dans un seul il fut
au-dessous de vingt-sept ans, c'est le Finistère où l’âge moyen de la population recensée s'est trouvé
être de vingt-cinq ans huit mois et dix jours." (*)
* Il faut prendre avec prudence les chiffres de l'âge moyen. En effet lors des recensements l'âge donné est souvent arrondi à la dizaine la plus proche.
On retrouve à chaque recensement une anomalie avec une prépondérance des âges "ronds" : 30, 40, 50 etc... en effet une personne
qui a 28 ans ou 32 ans par exemple, selon l'état civil, donnera facilement le chiffre de 30 ans à la personne en charge d'effectuer
le dénombrement de la population. Ceci étant aléatoire ...alors calculer avec précision l'âge moyen
d'une population, qui elle-même ne sait pas compter, relève de le gageure.
..."Natalité et mortalité, — D'après les relevés de l'état civil, le taux de la natalité pour la France,
pendant la période de 1881 à 1886, dates des deux derniers dénombrements, a été de 24,60 naissances pour 1.000
habitants. Pour la même période, dans le Finistère, le taux de la natalité a été de 34,32 naissances pour
1.000 habitants. Le taux de la mortalité pendant la même période, de 1881 à 1886, a été en France de 22,44 décès
pour 1.000 habitants.
Dans le Finistère le taux de la mortalité, pendant la même période, a été de 28,92 décès pour 1.000 habitants *.
Ainsi, de 1881 à 1886, l'excédent des naissances sur les décès a été, en France de 2,16 pour 1.000 habitants,
et dans le Finistère de 5,4."
... "L'instruction ne se sépare guère de l'hygiène générale. Les progrès de celle-ci sont liés aux progrès
de celle-là. L'obligation de l’enseignement primaire n'a pas encore produit en Bretagne les effets
qu'il est permis d'en attendre. En 1885, le nombre des conjoints qui n'ont pas pu signer leur acte
de mariage a été, pour l'ensemble de la France, de 16,5 p. 100 ;
il a été de 48,8 dans le Morbihan et de 44,6 dans le Finistère."
...
"Une grande partie de la population malade non hospitalisée est privée de soins. En France, le nombre des docteurs en médecine et officiers de santé est de 14789 (11.995 docteurs, 2.794 officiers de santé), soit un docteur ou officier de santé pour 2585 habitants.
Dans le Finistère, nous ne trouvons plus que 103 docteurs et officiers de santé (90 docteurs, 13 officiers de santé), soit un docteur ou officier de santé pour 6.878 habitants.
Si l'on retranche de ce calcul, tant pour la population que pour le nombre des médecins,
les villes de Brest, de Quimper et de Morlaix, on arrive à ce résultat que dans la population rurale
il y a en moyenne un médecin pour 9451 habitants et pour 10.500 hectares. Huit cantons ne possèdent
ni docteur en médecine ni officier de santé. Je citerai notamment le canton de Bannalec dont la population
est de 11.963 habitants et la superficie de 19.616 hectares : pas de médecin ;
celui de Plougastel-Saint-Germain, dont la population est de 18.764 habitants et la superficie de
22.905 hectares : pas de médecin."
... "La consommation de l’alcool dans le Finistère complète d'une façon instructive la physionomie de ces
renseignements statistiques. Ce département si misérable, si peuplé d'enfants, est l'un de ceux qui
boivent le plus d'alcool. Neuf départements: les cinq de Normandie (Seine-Inférieure, Calvados,
Eure, Orne, Manche), l'Aisne, le Pas-de-Calais, la Somme, l'Eure-et-Loir, en consomment encore plus
que lui ; mais ceux-là sont des départements riches. Le Finistère est le seul département pauvre dont
la consommation annuelle s'élève à près de 6 litres d'alcool pur par tête d'habitant. La moyenne
pour la France est de 3,9. L'on devine quelles sortes d'alcools absorbent ces pauvres gens.
La brièveté de leur vie n'a pas de quoi surprendre."
Une publication de Raoul Leroy ancien médecin adjoint de l'asile de Quimper - 1900 sur l'alcoolisme dans le Finistère au XIXeme:
1- Texte du Dr Raoul Leroy
2- Alcoolisation en Bretagne au XIXeme
L’auteur cite l’ouvrage de Jacques Cambry « Voyage dans le Finistère en 1794 et 1795 » :
"Au milieu de ces sites délicieux vivent des individus fort sales. Leur cahute sans jour est pleine
de fumée; une claie légère la partage. Le maître du ménage, sa femme, ses enfants et ses petits-enfants
occupent une de ses parties; l'autre contient les bœufs, les vaches, tous les animaux de la ferme.
Les exhalaisons réciproques se communiquent aisément et je ne sais qui perd à cet échange.
Ces maisons n'ont pas 30 pieds de long sur 15 de profondeur(*); une seule fenêtre de 18 pouces de hauteur
leur donne un rayon de lumière; elle éclaire un bahut sur lequel une énorme masse de pain de seigle est ordinairement posée sur
une serviette grossière; deux bancs ou plutôt deux coffrets sont établis le long du bahut qui leur sert de table
à manger. Des deux côtés d'une vaste cheminée sont placées de grandes armoires sans battants, à deux étages dont
la séparation n'est formée que par quelques planches, où sont les lits dans lesquels les pères, les mères,
les femmes entrent couchés, car la hauteur de ces étages n'est quelquefois que de 2 pieds; ils dorment sur
la balle d'avoine ou de seigle, sans matelas, sans lits de plume, sans draps; beaucoup d'entre eux ne sont
couverts que d'une espèce de sac de balle; très peu se servent de couvertures en laine, quelques-uns en
possèdent de ballin ; c'est une espèce d'étoffe tissée de gros fil d'étoupes. Ils emploient aussi quelquefois
des couvertures de poil; si par hasard ils ont des draps, à peine atteignent-ils les deux extrémités du lit.
Le reste de leurs meubles est composé d'écuelles d'une terre commune, de quelques assiettes d'étain,
d'un vaisselier, d'une platine à faire les crêpes, de chaudrons, d'une poêle et de quelques pots à lait.
... Je n'ai pas parlé du parquet; jamais il n'est carrelé, ni boisé, ni pavé: la terre inégale en sort; on pourrait
se casser la jambe dans les trous profonds qui s'y forment; les enfants s'y blessent, s'estropient fort souvent.
Imaginez la malpropreté, l'odeur, l'humidité, la boue qui règnent dans ces demeures souterraines,
l'eau de fumier qui souvent en défend l'entrée, qui presque toujours y pénètre. Ajoutez-y la malpropreté
d'individus qui ne se baignent ni ne se lavent jamais, qui sortent des fossés, des mares, des cloaques
où l'ivresse les avait précipités... "
Cette vision du Finistère au XIXeme siècle est sans doute un peu excessive mais force est de constater que le Finistère
est économiquement en retard. En 1836 il n'y a dans le Sud-Finistère qu'une route royale la n°165 allant
d'Audierne à Nantes et deux routes départementales la n°1 allant de Brest à Lorient et la n°4 allant de Quimper
à Pont-l'Abbé.
Les routes de traverse sont en fait des chemins très mal entretenus.
notes *:
1 pied = 12pouces = 32,484cm
30 pieds environ 10m
18 pouces environ 50cm