Mariage de Marie-Anne Gentric



Le Bren

le 21 janvier 1855 Marie-Anne épouse Yves le Guellec né le 15 février 1832 à Plovan. A cette occasion un contrat de mariage sera établi, le 14 janvier 1855 chez maître le Batard notaire à Plogastel-Saint-Germain. Elle est toute jeune, elle vient juste d’avoir 17 ans. Elle quittera Merros pour rejoindre la famille de son mari à Le Bren à quelques centaines de mètres de là. Juste avant de signer le contrat de mariage les père et mère d' Anne Marie emprunteront, devant notaire, 1500 francs à Michel le Phuez pour lui procurer une dot. Ce dernier, époux de Catherine le Roux, était cultivateur à Kersivet en Plozévet. Le prêt s'est fait au taux légal en vigueur (5%). Pour assurer ce prêt ils vont hypothèquer tous leurs biens, situés à Merros Creis le 14 janvier 1855 :

... ont comparu Sébastien Guillaume Gentric et Marie Julien sa femme qu'il autorise, cultivateurs demeurant au lieu du Merros Creis en la commune de Plozévet.
lesquels ont reconnu avoir présentemment reçu à titre de prêt de Michel le Phuez, époux de Catherine le Roux, cultivateur, demeurant au lieu de Kersivet en la commune de Plozévet, la somme de quinze cents francs qu'ils se sont conjointement et solidairement obligés à rembourser au sieur prêteur ce jour en trois ans, s'obligeant aussi à lui en payer chaque année l'intérêt légal, sans retenue, à partir d'aujourd'hui jusqu'au remboursement effectif.
A la sûreté et garantie du remboursement de laquelle somme de quinze cents francs en principal intérêts et frais Sébastien Guillaume Gentric et Marie Julien sa femme, affectent et hypothèquent tous leurs droits immobiliers au lieu du Merros Creïs et en ses issues en la commune de Plozévet et consistant en maisons, terres chaudes, terres froides, prés et prairies.
Dont acte fait et passé au Bourg de Plozévet, en présence de alain-yves Bourdigou, commerçant et yves le Hénaff aubergiste, les deux demeurant séparément au bourg de Plogastel-Saint-Germain ...

Explications :
1) terres chaudes : terres labourables
2) terres froides : terres non travaillées comme les landes
3) intérêt légal : 5%

Dans la foulée fut signé le contrat de mariage :


...
1° les futurs seront mariés sous le régime de la communauté légale sauf les modifications ci-dessous stipulées.
2° les pères et mères lui ont constituée en dot à titre d'avance d'hoiries (*) une somme de quinze cent francs qui restera immobilisée à son profit pour lui tenir lieu de propres à l'exclusion de la communauté et qui a été présentement réalisée par les dits Sébastien-Guillaume Gentric et Marie Julien à Marie-Perrine le Brun qui en à pris charge et s'est obligée sous l'hypothèque de tous ses immeubles au sus dit lieu du Brenn à la rembourser à qui de droit trois mois après le départ des futurs de chez elle ou après la dissolution de la communauté stipulée aux présentes suite au décès d'un des futurs ; et cette somme de quinze cent francs ne produira intérêts que du jour de son exigibilité.

En outre des quinze cent francs ci-dessus Sébastien-Guillaume Gentric et femme ont pris l'engagement de donner et faire avoir à la future leur fille, le jour du mariage religieux qui tiendra lieu de quittance une armoire, un accoutrement de lit et deux bêtes à cornes d'une valeur de cent cinquante francs.
3° Les futurs feront leur résidence au sus dit lieu du Brenn chez Marie-Perrine le Brun à qui ils louent dès à présent leur travail et leur industrie pour deux ans, réputés commencer le vingt-cinq décembre dernier, une faculté aux deux parties de résilier le dit bail à volonté en se prévenant réciproquement six mois d'avance et de qui ils recevront à titre de gage et pour récomper (*) de leurs travaux eux et les enfants qui pourraient naître de leur union, leur pension, leur logement, leur blanchissage et leur entretien en toile, sabots et des tailleurs comme les autres personnes de la maison, paturage, fourrage et logement à trois bêtes à cornes avec faculté d'élever un veau tous les deux ans et chaque année 60 francs en argent et huit ares de bon terrain pour semence de pommes de terre et en outre Yves le Guellec une paire de souliers tous les deux ans, le tout évalué à cent vingt francs par an.
4° les frais auxquels les présentes donneront lieu seront payés par moitié par les père et mère des futurs.
Dont acte fait et passé au bourg de Plozévet...

Explications :
1) avance d'hoiries : avance sur héritage
2) il semble qu'il soit écrit recomper; je n'en connais pas le sens; 'en récompense de' semble-t-il

Yves le Guellec, le mari de Marie-Anne, est un des nombreux arrière-petits-fils d'une figure locale et propriétaire aisé, feu Charles le Guellec maire de Plozévet de 1800 à 1821. Son père, quant à lui, était décédé 5 ans plus tôt, en 1850 à l'âge de 43 ans laissant Perrine chef de famille. Si Charles le Guellec savait lire et écrire, Yves et Marie-Anne ne savent pas signer leur acte de mariage.


descendance Charles le Guellec
Yves le Guellec est un arrière-petit-fils de Charles le Guellec maire de Plozévet de 1800 à 1821

carte merros 1828
En 1855 Marie-Anne quitte Merros izella pour le Bren

Perrine le Brun

Marie-Anne et Yves le Guellec son mari vont donc, conformément à leur contrat de mariage, habiter le Bren chez la mère du mari. Là-bas ils vont travailler à la ferme recevant en retour des avantages en nature et une petite somme annuelle, 60 frs.
Le ménage Guellec est dirigé par la mère, Perrine (1), veuve d’Yves le Guellec père(2). Yves le fils, est l’aîné de la famille. La famille est nombreuse car Perrine a 7 ou 8 enfants et a sa mère Marie Thomas (3)à charge. Quelques mois après son mariage en 1856, alors qu'en 1854 elle avait perdu 2 sœurs, Marie-Anne perd sa mère Marie Julien.

notes :
(1) née le 28 avril 1814 à Plovan
(2) né le 24 juin 1807 à Plovan
(3) née en 1791 à Plovan

famille Guellec Brun
Recensement de 1856 à Le Bren chez Perrine Brun sa belle-mère

Keriniel

La famille se retrouve un peu plus tard à Keriniel. Ce hameau apparaît pour la première fois lors du recensement de 1866. Sur le cadastre de 1828 aucun bâtiment n'apparaît à cet endroit. Perrine y est propriétaire, il est possible que Perrine y ait créé une nouvelle exploitation entre 1861 et 1866. Marie-Anne et Yves son mari, y sont installés.

Recensement de 1866 à Keriniel
Plus d'infos Merros Creis
Marie-Jeanne le Guellec, une fille de Perrine, quitte la ferme de Keriniel pour se marier en 1865 avec un veuf, Guillaume le Berre. Ils auront trois enfants : Yves, René et Marie-Jeanne. Marie-Jeanne perd son mari le 29 mars 1870 celui-ci avait 39 ans, elle-même 32. Elle se remarie avec Corentin le Gall en 1874.
A la mort du mari de Marie Anne Gentric cette dernière part sur Kerguelen et Marie Jeanne revient avec son nouveau mari sur Keriniel.

La guerre avec l'Allemagne avait débuté en juillet 1870 et allait durer jusqu'en janvier 1871. Pour Plozévet cette guerre n'eut pas des conséquences directes importantes. C'est du fait des mouvements des troupes lors du retour vers leurs foyers que des épidémies, de variole par exemple, avaient contaminé des zones de plus en plus étendues.

Vers octobre-novembre 1870 débuta la plus terrible épidémieque Plozévet eut à subir de mémoire d'homme. Depuis cette année là, aucune autre épidémie n'a fait autant de dégats, quoiqu'en 1881 ... Cette épidémie toucha principalement les jeunes enfants. Du fait du conflit, le recensement qui aurait du s'effectuer en 1871 fut réalisé en 1872.

Courbe des décès de 1870 et 1871
Courbe des décès de 1870 et 1871 sur Plozévet

Recensement de 1872 à Keriniel ménage Perrine le Brun

Au recensement de 1872 Marie-Jeanne le Guellec veuve de 34 ans(et non 31) est de retour à Keriniel avec René et Marie-Jeanne ses enfants. Marie-Anne 34ans, et non 30, y est toujours avec son mari Yves.

Recensement 1876 à Keriniel,

Décès de Yves le Guellec mari de Marie-Anne

Au recensement de 1876, il ne reste plus chez Perrine que le couple Yves et Marie-Anne ainsi que leur neveu Réné, le fils de Marie-Jeanne. Peu après ce recensement, en 1878, Yves décèdera, Marie-Anne est veuve. Elle ne le sait pas mais elle a encore 60 ans à vivre sans mari. Elle va devoir quitter bientôt Keriniel pour Kerguelen.

Au recensement de 1881, à Keriniel, c'est Corentin Gall qui est le chef de ménage, il avait épousé Marie-Jeanne le 18 octobre 1874. Donc Perrine a laissé la ferme à son beau-fils, il est probable que cela se soit fait via un acte notarié stipulant les obligations du couple Corentin et Marie-Jeanne vis à vis de leur mère et belle-mère.

L'année 1881 fut une année terrible, une épidémie touchant les jeunes enfants dévasta Plozévet. Elle fut d'une importance similaire à celle de 1871. La sœur de Marie-Anne, Catherine, perdit 3 enfants en quelques jours.

Catherine Gentric avait épousé Corentin Sclaminec en 1870 alors que ce dernier venait, peu avant, de perdre sa femme, Marie Julien.

Au moment des faits, au printemps 1881, Catherine avait déjà eu de son mariage avec Corentin Sclaminec, 5 enfants. Le premier, Corentin, né en 1871 n'avait survécu qu'un mois et demi, il faut se souvenir que cette année 1871 avait également vu passer une terrible épidémie. Puis étaient venus Yves en 1873, Corentin en 1876, un autre Corentin en 1878 puis Marie-Anne qui venait tout juste de naître. Catherine venait en effet d'accoucher d'une fille, le 29 mai 1881, alors qu'une épidémie épouvantable démarrait à Plozévet. Elle frappera  presqu'exclusivement les enfants en bas âge.  Tout se passa le temps d'une semaine.

Le 25 juin 1881 Corentin agé de 5 ans parti le premier, puis, le 1er juillet, ce fut le tour de Yves, il avait 8 ans, le lendemain c'était au tour de Corentin 2 ans et demi d'être emporté. On imagine aisément la douleur de Corentin le père et de Catherine et leur crainte que leur fille ne soit atteinte elle aussi. En effet, l'épidémie allait encore perdurer 3 mois. Marie-Anne finalement y échappa. Catherine ne fut donc pas épargnée par le sort, elle était née bossue et perdit des enfants dont certains déjà grands. En juillet on enterrait à Plozévet deux personnes par jour, principalement des enfants. Cette année-là on compta 264 décès. (une année sans épidémie on enterrait moins de 100 personnes)

En 1885 naîtrait Sébastien que l'on croisera plus loin... en 1938

Recensement de 1881 à Keriniel

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