Un lien vers le traitement d'épidémies dans le Finistère en 1798
1- Epidémies 1870-1871
Le 19eme siècle aura été un siècle très difficile pour les plozévétiens. Les conditions d'hygiène déplorables, l'absence de médecin,
l'alcoolisme qui progresse du fait d'un alcool très peu cher mais de médiocre qualité ainsi que les épidémies seront les principales
raisons d'une espérance de vie parmi les plus faibles de France, compensée il est vrai par un taux de natalité très élévé.
Il faudra attendre la dernière partie du siècle pour voir une nette diminution de la mortalité.
Toutefois, dans ce dernier tiers de siècle 2 pics effrayants de mortalité auront lieu, comme on peut le voir sur
la courbe ci-dessous : 1871 et 1881.
L'épidémie de 1871 commenca fin 70 en novembre et se poursuivra jusqu'en juillet de l'année suivante.
Cette épidémie toucha principalement des enfants. On peut en déduire que ce fut une de ces épidémies de maladies infantiles
comme la rougeole ou encore la variole (on connaissait depuis longtemps la vaccine qui immunisait efficacement contre la variole).
L'année précédente, c'est une épidémie de rougeole qui avait sévi à Pont-Croix.
Toute la commune ne sera pas touchée, ce sont principalement les zones correspondant au Bourg (avec Lesplozévet),
Brumphuez, la Trinité, Kerlaeron et Kervinou qui paieront le plus lourd tribut, comme le montre le tableau de répartion des décès par
village. Il y avait en 1872 lors du dénombrement, au bourg, qui alors englobait Lesplozévet, 324 habitants, à Bremphuez 161, à la Trinité 117, à Kerlaeron 78,
à Kervinou 59, au Brenn 26.
2- Épidémie de 1881
Dix années passèrent faisant oublier cette épidémie. L'hiver 1881 fut comme à l'ordinaire,
mais dès avril des signes inquiètants furent visibles. Le taux de mortalité doubla, atteignant son paroxysme au mois de juillet.
Le taux de mortalité
montait à six fois le taux habituel. De nouveau, comme lors de l'épidémie de 1871, ce sont les enfants qui furent
touchés. Durant cette épidémie Catherine Gentric , la sœur de Marie-Anne fut durement touchée, perdant 3 enfants.
Alors que le Nord-Finistère était touché par la fièvre thyphoïde, le Sud-Finistère faisait, cette année là,
face à une épidémie de variole (le Finistère du 10 septembre 1881). Malgré les campagnes d'information,
la mobilisation des préfets, les habitants des campagnes étaient très réticents à se faire
inoculer la vaccine en prévention. Lorsqu'une épidémie de variole survenait
les jeunes enfants, non protégés, succombaient dans des proportions effrayantes.
Devant l'importance de l'épidémie le préfet avait adressé le 13 juin une circulaire aux maires dont voici des extraits :
le Finistère du 18 juin 1881 (Archives départementales du Finistère)
« L'épidémie variolique qui sévit depuis
plusieurs mois dans certaines parties du département, me fait un devoir d'insister de nouveau auprès de vous sur l'utilité
des vaccinations et revaccinations et de vous signaler les graves conséquences
que peuvent avoir, dans les circonstances actuelles, l'indifférence et
l'apathie des habitants de nos campagnes.»
« Je vous l'ai déjà dit, Messieurs, et je ne saurais trop vous le répéter,
c'est à vous qu'il appartient d'éclairer les populations
encore ignorantes sur la nature et les dangers de la variole, sur les moyens de s'en
préserver et d'en combattre ou d'en atténuer les funestes effets quand on n'a pu se
mettre à l'abri de son invasion»
« Il n'existe qu'un moyen efficace pour se préserver de la variole : c'est la vaccine, qui
exerce son action préservatrice d'une manière absolue sur la plupart des personnes vaccinées ;
ceux qui ont perdu, au bout d'un
certain temps, l'immunité de la vaccine,
peuvent la recouvrer par la revaccination.»
« La variole étant une maladie essentiellement contagieuse, on ne saurait prendre
trop de précautions et l'isolement des malades est un précepte qui doit être rigoureusement observé : les chambres
dans lesquelles ils auraient séjourné, devront être
nettoyées et assainies avec le plus grand soin : les objets qui leur auraient servi, seront lavés ou brûlés.
Enfin, il est essentiel que l'inhumation des victimes de l'épidémie ait lieu dans un
délai aussi bref que possible.»
Dans la pratique il était très difficile d'imposer la vaccination, beaucoup d'histoires couraient sur des cas où
des personnes saines s'étaient retrouvées malades ...
Le conseil général dans ses séances du mois d'août va débloquer des fonds pour la propagation de la vaccine :
le Finistère du 3 septembre 1881 (Archives départementales du Finistère)
Séance du Conseil Général du 21 août 1881
L'indemnité de 6,000 francs pour la
propagation de la vaccine, a été adoptée après quelques observations de
MM. Gestin et Le Clech, suivies d'une réponse de M. le Préfet, de laquelle il
résulte que l'Administration a usé largement pour subvenir aux misères résultant de l'épidémie de variole, des
crédits qu'elle avait à sa disposition,
et qu'elle s'est même adressée au ministre de l'Intérieur qui lui a envoyé 5.000 francs.
le Finistère du 10 septembre 1881 (Archives départementales du Finistère)
Séance du Conseil Général du 23 août 1881
M Clech donne lecture d'un rapport duquel il résulte que l'état sanitaire a été éprouvé au nord du département par la fièvre thyphoïde
et au sud par la variole, dans des proportions telles qu'il convient d'agir au plus tôt pour en arrêter les progrès.
Concarneau sera touché un peu plud tard car le 30 octobre il est écrit :
le Finistère du 2 novembre 1881 (Archives départementales du Finistère)
« Pour comble de malheur, la variole sévit avec une intensité croissante »
« le relevé suivant vous permettra de juger des progrès de l'épidémie :
mois de juillet, 8 décès ; août, 12 ; Septembre, 37 ; octobre, 58.
Comme vous le voyez, la mortalité augmente dans des proportions inquiétantes.»
« Dans les chiffres ci-dessus, les adultes ne figurent qu'au nombre de 6 ou 7, les enfants
non vaccinés sont impitoyablement frappés, et tous succombent.»
Fin novembre l'épidémie à Concarneau est considérée comme terminée.